F.A.Q. : 1. Des lois
Quelles sont les lois qui, en Belgique, concernent la fin de vie ?
Pour permettre le respect des conceptions du patient relatives à sa fin de vie, trois lois ont été promulguées en 2002 : la loi du 22 août 2002 relative aux droits du patient, la loi du 14 juin 2002 relative aux soins palliatifs et la loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie.
Ces trois lois sont complémentaires. Elles visent à encadrer les pratiques médicales en fin de vie, de manière à permettre des prises de décision dans le respect de l’autonomie tant du patient que du médecin.
Pourquoi une loi concernant les droits du patient ?
La doctrine et la jurisprudence d’une part et la déontologie médicale d’autre part reconnaissaient certains droits au patient en fin de vie. Néanmoins, en l’absence d’une loi, ces droits restaient imprécis et soumis à la seule appréciation du médecin. Celui-ci pouvait hésiter à respecter une demande d’arrêt de traitement vital par crainte d’être accusé de non-assistance à personne en danger ou même d’homicide. La loi du 22 août 2002 relative aux droits du patient, en précisant clairement ces droits, les rend effectifs et protège aussi le médecin qui les respecte.
Un aspect essentiel de la loi relative aux droits du patient est de garantir le droit de refuser certains traitements. Elle prévoit aussi la possibilité de rédiger des directives anticipées pour le cas où l’on deviendrait incapable d’exprimer ses volontés ainsi que la désignation d’un mandataire ; si le patient n’a pas désigné de mandataire, elle précise quelles sont les personnes qui représentent les intérêts du patient.
Elle institue une fonction de médiation au sein des institutions hospitalières ainsi qu’au niveau fédéral, chargée de recueillir et de traiter les plaintes des patients en cas de non-respect de leurs droits.
Une déclaration anticipée de refus de traitements est proposée à ses membres par l’ADMD
Pourquoi une loi concernant les soins palliatifs ?
La loi du 14 juin 2002 relative aux soins palliatifs prévoit essentiellement l’accès à ces soins pour tout patient se trouvant à un stade avancé ou terminal d'une maladie grave, évolutive et mettant en péril le pronostic vital et ce, quelle que soit son espérance de vie. Les modalités d’organisation et de financement destinées à concrétiser cette obligation sont précisées dans une série d’arrêtés d’exécution.
La loi relative aux soins palliatifs a été débattue et votée en même temps que la loi relative à l’euthanasie. Le législateur a en effet voulu affirmer leur complémentarité dans la gestion de la fin de vie et il n’est pas inutile de souligner que la Belgique est un des pays où les soins palliatifs sont les plus développés.
Pourquoi une loi concernant l’euthanasie ?
L’interruption de la vie par un médecin, même pratiquée à la demande d'un patient en situation médicale sans issue et en grande souffrance, était auparavant assimilée à un meurtre avec préméditation, c'est-à-dire à un assassinat. Dès lors, le médecin qui souhaitait, en conscience, répondre à une telle demande, pratiquait cet acte clandestinement et en utilisant les médicaments dont il disposait, qui n’étaient pas toujours les plus adéquats. De plus, aucun contrôle n’existait. L'objet de la loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie est notamment de mettre un terme à cette situation en rendant cet acte légalement possible dans des situations bien définies, à condition de respecter les prescriptions légales et d’en faire la déclaration à une commission de contrôle. La loi garantit ainsi aux actes d’interruption de la vie à la demande du patient, une transparence souhaitable tant pour le patient que pour le médecin.
l faut souligner que la loi relative à l’euthanasie ne concerne que l'interruption active de la vie sur demande du patient. Elle n'interfère en rien avec les pratiques médicales de traitement de la douleur par l'administration d’antalgiques, ni avec l'arrêt médicalement justifié de certains traitements ou encore avec l’administration massive de sédatifs, même si ces pratiques peuvent abréger la vie du patient.
L’euthanasie n’est-elle plus punissable en Belgique ?
Elle reste punissable si elle n’est pas pratiquée par un médecin ou si le médecin ne respecte pas les obligations légales.
Adoptée au Sénat le 25 octobre 2001 par 44 voix contre 23 et à la Chambre le 16 mai 2002 par 86 voix contre 51, la loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie est entrée en vigueur le 22 septembre 2002. Elle fixe les conditions et les procédures à respecter par le médecin. Elle prévoit aussi la possibilité de rédiger une déclaration anticipée d’euthanasie pour le cas où, atteint d’une affection incurable, le patient deviendrait irréversiblement inconscient et donc incapable de formuler sa demande.
La loi belge relative à l’euthanasie n’est-elle pas en contradiction avec le respect du droit à la vie consacré par les conventions internationales ?
Avant de soumettre la proposition de loi au vote de l’assemblée du Sénat, l’avis du Conseil d’Etat a été sollicité. Le Conseil d’Etat a conclu à l’absence d’incompatibilité entre la proposition de loi et les obligations concernant la protection du droit à la vie qui sont prévues par l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et par l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme.
L’euthanasie d’un patient qui en fait lui-même la demande n’est pas, de toute évidence, une forme de privation intentionnelle de la vie condamnée par ces deux conventions.
Le droit à la vie n’implique pas l’obligation de vivre. D’ailleurs, le suicide n’est pas punissable en Belgique.