F.A.Q. : 2. Des généralités
A. Des définitions
Qu'est-ce qu'une euthanasie ?
Qu’est-ce qu’un suicide médicalement assisté ?
Qu’est-ce qu’une sédation terminale ou une sédation profonde et continue ?
S’il s’agit d’une sédation terminale, seuls seront encore administrés les traitements visant à assurer un confort maximal au patient (antidouleurs, anti-nauséeux, etc.) et seront supprimées l’alimentation artificielle et l’hydratation (partiellement ou non). Cette solution n’est possible que pour des personnes en extrême fin de vie.
Comme pour tout traitement, est exigé le consentement du patient. Si celui-ci n’est plus en état de le donner, il s’agit de se tourner vers le mandataire, l’administrateur de la personne voire les représentants légaux prévus par la loi sur les droits du patient.
Des abréviations
- DAT : déclaration anticipée de refus de traitements (formulaire blanc de l’ADMD)
- DAE : déclaration anticipée relative à l’euthanasie (formulaire jaune de l’ADMD)
Qu'est-ce qu'une DAT ?
Qu’est-ce qu’une DAE ?
Déclaration par laquelle un citoyen adulte demande anticipativement à bénéficier d’une euthanasie dans le cas où, atteint d'une affection médicale grave et incurable, il deviendrait inconscient et que sa situation serait jugée irréversible selon l'état actuel de la science. Il peut y désigner une ou plusieurs personnes de confiance.
Qu’est-ce qu’un mandataire dans une DAT ?
Le mandataire, désigné dans une DAT, est dans la capacité d’exercer les droits prévus par la loi sur les droits du patient au nom du mandant, le patient. Il pourra par exemple exiger que soit respecté un refus de traitement si son mandant, le patient, n’est pas ou plus en état de s’exprimer. Pour autant que le mandat soit clair, que les refus de traitements aient été identifiés, le refus de traitement exprimé par le mandataire devra être respecté par le médecin ou l’équipe soignante.
Qu’est-ce qu’une personne de confiance dans une DAE ?
Qu’est-ce qu’un témoin dans une DAE ?
Il faut 2 témoins, dont l’un ne peut pas avoir d’intérêt matériel au décès du requérant.
B. Des confusions à éviter
Quelle est la différence entre une demande actuelle d’euthanasie et une déclaration anticipée d’euthanasie ?
Une demande actuelle d’euthanasie :
Une personne consciente et lucide, pour autant qu’elle réponde aux critères de la loi peut, à tout moment, demander une euthanasie.
La demande doit être répétée. Il est important d’en parler avec la famille, le médecin et l’équipe soignante et de confirmer la demande par écrit « Je, soussigné(e),…, demande l’euthanasie, Fait à … le … ». Cette demande écrite est à remettre au médecin qui doit la conserver dans le dossier médical du patient.
Si le patient ne peut plus écrire, il peut demander à une personne (majeure et n’ayant aucun intérêt matériel à son décès) de rédiger la demande en présence du médecin qui doit indiquer la raison pour laquelle le patient n’a pas rédigé lui-même la demande.
Une déclaration anticipée d’euthanasie
Document par lequel une demande anticipée d’euthanasie (formulaire de l’ADMD ou de la commune) est rédigée. Cette déclaration peut se faire dès la majorité d’une personne, malade ou non, et qui demande qu’une euthanasie soit pratiquée dans le cas où, atteinte d'une affection médicale grave et incurable, elle deviendrait inconsciente et que sa situation serait jugée irréversible selon l'état actuel de la science.
Une déclaration (ou un renouvellement) signée à partir du 02/04/2020 est valable pour une durée indéterminée. Attention une déclaration (ou un renouvellement) signée avant le 02/04/2020 est valable 5 ans, il faut donc songer à la renouveler.
Attention : Tant que la personne peut s’exprimer, c’est elle et elle seule qui demande (ou non) l’euthanasie.
Le décès suite à une administration de doses élevées de morphine ou de ses dérivés est-il une euthanasie ?
L’objectif premier de l’administration de morphine ou de ses dérivés est le soulagement de la douleur, même si elle pourrait abréger la vie (« le principe du double effet ») et on ne sait pas avec précision quand la mort surviendra.
La morphine est contre indiquée pour la pratique de l'euthanasie.
Qu'appelle-t-on suicide médicalement assisté ou suicide assisté ?
Par suicide médicalement assisté, l’on entend l’hypothèse où le patient absorbe lui-même la potion létale ou déclenche la perfusion en présence et sous le contrôle d’un médecin jusqu’au décès. La loi relative à l’euthanasie ne précisant pas la méthode par laquelle l’euthanasie doit être pratiquée, le suicide médicalement assisté est assimilé à l’euthanasie en Belgique.
Dans l'hypothèse où le médecin délivre la prescription pour obtenir le sirop de barbituriques mais n’intervient plus dans la suite de la procédure et n’est donc pas présent lorsque le patient décidera d’absorber la potion létale et décédera, l'on peut également parler de suicide (médicalement) assisté. Ceci n’est cependant pas autorisé en Belgique.
C. Divers
Existe-t-il un droit à l’euthanasie en Belgique ?
L'euthanasie est-elle devenue un droit du patient ?
Non, mais la loi offre au patient la possibilité de formuler une demande d’euthanasie dans les situations qu’elle précise et elle assure une sécurité juridique au médecin qui la pratique en respectant les conditions légales.
Dans les situations où l’euthanasie n’est pas possible ou n’est pas souhaitée, la loi relative aux droits du patient peut éventuellement apporter une solution : elle permet au patient de refuser un traitement qui prolongerait une fin de vie pénible ; elle permet aussi de prévoir un tel refus par une directive anticipée.
Contrairement à la déclaration anticipée d’euthanasie, une telle directive n’est pas soumise au formalisme de la signature de deux témoins et peut être prise en considération si le patient est incapable de s’exprimer sans être nécessairement inconscient.
Tous les hôpitaux pratiquent-ils l’euthanasie ?
La loi du 15 mars 2020 prévoit la suppression de toute clause écrite et non écrite entre un établissement de soin et un médecin quant à l'interdiction pour ce dernier de pratiquer une euthanasie au sein de l'établissement. Théoriquement, il ne peut y avoir de clause de conscience institutionnelle. Dans la pratique, on observe toutefois que certains hôpitaux sont plus réticents que d’autres à permettre la pratique de l’euthanasie. Généralement mieux acceptée dans les hôpitaux publics que dans certaines institutions catholiques, c’est surtout l’attitude personnelle du médecin qui est à considérer.
La famille peut-elle s’opposer à mes décisions de patient ?
En principe, non. Il est toutefois important d’établir un dialogue patient/famille/médecin afin que chacun puisse vivre la situation de manière apaisée.
Sur un plan psychologique, une aide extérieure professionnelle peut être nécessaire (médecin, psychologue, médiateur) pour aider à une meilleure compréhension de la décision et des volontés du patient.
Dans quel ordre se fait la représentation du patient ?
Quand une personne se retrouve dans l’incapacité de s’exprimer et aussi longtemps qu’elle n’est pas en mesure d’exercer ses droits elle-même, la loi relative aux droits du patient prévoit un système de représentation pour exercer ses droits selon l’ordre suivant :
- un mandataire préalablement désigné par le patient, que ce soit par un acte sous seing privé ou par un acte notarié (mandat extrajudiciaire) ;
- un administrateur de la personne, désigné par le Juge de paix ;
- à défaut, selon la cascade suivante :
- l’époux cohabitant ou le partenaire cohabitant légal ou de fait ;
- un enfant majeur ;
- un parent ;
- un frère ou une sœur majeur.
À défaut ou en cas de conflit, c’est le praticien professionnel concerné qui prendra la décision, en concertation pluridisciplinaire éventuellement.
Attention, lorsque, dans un cas d'urgence, il y a incertitude quant à l'existence ou non d'une volonté exprimée au préalable par le patient ou son représentant, toute intervention nécessaire est pratiquée immédiatement par le praticien professionnel dans l'intérêt du patient.
Par ailleurs, dans l'intérêt du patient et afin de prévenir toute menace pour sa vie ou toute atteinte grave à sa santé, le praticien professionnel, le cas échéant dans le cadre d'une concertation pluridisciplinaire, peut déroger à la décision prise par le représentant du patient SAUF si la décision a été prise par un mandataire, et que celui-ci peut invoquer la volonté expresse du patient.
Conclusion : mieux vaut préciser, par écrit, le plus loin possible ses volontés en matière de traitements tout en désignant un mandataire.
La transplantation d’organes après euthanasie est-elle possible ?
Le premier cas de transplantation d’organes après euthanasie a eu lieu en 2005, à l’initiative d’un patient. La chose est possible pour des patients atteints d’une affection neurologique ou de troubles psychiatriques, non pour des patients cancéreux. Les deux procédures – euthanasie et transplantation d’organes – doivent être hermétiquement séparées. Pour donner le maximum de chances à une transplantation d’organes réussie, il faudra que l’euthanasie se déroule dans un hôpital universitaire compétent pour la transplantation d’organes. Il s’agit donc que le patient soit dûment informé de ces conditions particulières pour qu’il puisse, avec les siens, prendre les dispositions pour l’éventuelle cérémonie d’au revoir.
L’euthanasie (ou le suicide médicalement assisté) invalide-t-elle un contrat d’assurance-vie ?
Je suis non-résident, puis-je bénéficier de l’euthanasie en Belgique ?
La loi belge relative à l’euthanasie n’impose pas de conditions ni de nationalité, ni de résidence. Cela dit, il est évident que dans le respect de l’esprit de la loi, une relation thérapeutique profonde avec un médecin belge est indispensable. Plusieurs séjours en Belgique seront éventuellement nécessaires sur la base d'un dossier médical établissant l'affection grave et incurable, de s'assurer du caractère volontaire, réitéré, de la demande sans pression extérieure et des souffrances inapaisables. La relation thérapeutique ne peut pas se nouer autour de la seule question de l’euthanasie.
A l'heure actuelle, les médecins belges sont réticents lorsqu’il s’agit de prendre en charge des patients non-résidents et ce, en raison des difficultés pratiques que ceci implique. Si la demande est causée par des troubles psychiatriques, un patient non-résident n'aura pratiquement aucune chance d'être entendu, la demande d'euthanasie nécessitant un suivi de plusieurs mois, voire plus.
Il est conseillé dans un premier temps de prendre contact avec les associations qui se battent pour le droit de mourir dans la dignité dans son pays.